C’est toujours le Brésil, cet immense Brésil qui s’étend de l’Argentine jusque dans l’hémisphère nord ; l’équateur est tout proche ; une côte déchiquetée par les rias à 200 MN au sud-est du delta de l’Amazone et à 600 du cap Calcanhar, la pointe NE du Brésil ; la capitale São Luis de l’état du Maranhão (fondée par les Français au début du XVIIème siècle) est à 12 heures de bateau.
« Ilha dos Lençóis » pourrait se traduire par l’île aux draps. Des dunes de sable blanc émergent d’une mangrove traversée par des bras de mer, dont certains assèchent à marée basse ; les villages vivent hors du temps, on y fait tout soi-même avec ce qui arrive par les canaux du chef-lieu de canton Apicum-Asu ; deux minuscules églises à Bate Vento sur l’île voisine de Maiao, de petites classes-écoles, pas de bureau officiel, pas de poste, pas de livres ni de journaux, la télé par parabole satellite et une liaison téléphonique 3G pour les initiés et ― comme toujours au Brésil ― une sono qui tourne en boucle ; quelques cultures maraîchères, des manguiers sur Bate Vento ; le ballet des barques de pêche au levant et au couchant ; des pêcheurs qui prennent à la mer de quoi assurer leur subsistance.
On trouve sur chaque île un bar, une pousada qui fait aussi restaurant, une mini-épicerie dont le produit phare est la boite de corned beef et où l’on trouve parfois des bananes, des oranges et des mangues. La bière est la boisson commune (inutile de demander un verre de vin, il n’y en a pas, c’est beaucoup trop cher) et l’eau potable est tirée des trous d’eau dans les dunes, dont le sable filtre les impuretés.
Pas de tempête, juste de brusques coups de vent provoqués par la proximité du Pot-au-Noir, un climat chaud, un alizé régulier source de fraîcheur, une eau à 28°traversée par les courants de marée, de la pluie les premiers mois de l’année, pas le moindre touriste (en dehors de nous).
Les profondeurs indiquées sur les cartes (y compris sur les cartes brésiliennes) sont fausses ; on peut s’engager sans crainte dans le bras de mer conduisant au village de Lençóis, en arrondissant bien la Ponta do Gino au sud (cf. route sur carte), et aller mouiller à l’abri de la grande dune (profondeurs de 3 à 5 m à marée basse, même par fort coefficient de marée) plutôt qu’en face du village de Lençóis, où une immense vasière rend les déplacements délicats lorsque la mer s’est retirée.
Comme partout, un accueil chaleureux de la part des « pescadores » contents de voir du monde et de parler avec les (très) rares plaisanciers de passage. À Bate Vento, Silvão nous a hélés, puis est venu boire un verre de vin au bateau, s’est beaucoup intéressé à l’éolienne (le rêve pour sa maison !), nous a raconté la vie d’ici, s’est occupé de nos jerrycans d’eau, est revenu le lendemain… Nous lui avons donné quelques pièces d’inox, un métal précieux ici, et du vin, et nous sommes devenus « amigos ».
C’est la pêche à la crevette au printemps qui alimente surtout les caisses : le bras de mer fourmille de ces petites bêtes et les pêcheurs, nombreux, en pêchent autant que possible pour la vendre 30 R$ le kilo, soit environ 10 €.
Nous avons passé le réveillon de Noël à Lençóis. Repas pour 4 personnes avec poisson, riz, spaghettis et bière : 60 R$ tout compris, soit 17 €. Le repas du soir de Noël fut plus fourni mais nettement plus onéreux. Pensez : 34 € à 4 !
Autre temps, autre monde…
Merci à vous pour ces cours de géographie qui enchantent toujours.
Nous rêvons ainsi de vos différentes escales.Il vaut mieux en profiter pleinement car chez nous, le froid glacial s’est bien installé et ce matin, nous avions du -5 sur la terrasse et un petit manteau de neige s’est formé partout-.
Vivement dans deux mois.
Nous vous embrassons.