À 30 km à l’ouest de la capitale Port-of-Spain, la baie de Chaguaramas, ancienne base américaine où vivaient jadis 30 000 personnes, est environnée d’îles et de collines. Elle est aujourd-hui à la fois un parc national où les pélicans, les frégates et les vautours noirs (appelés ici « corbeaus ») se partagent le ciel et un lieu où se trouve concentré l’essentiel des activités maritimes du pays : chantiers navals et leur cortège d’artisans, marinas, champ de bouées, bateaux de pêche, station de garde-côtes, navires au mouillage, dock flottant, plate-forme gazière remisée…
Mindelo est pris en charge au chantier Peake Yacht Services, où il va va estiver au sec, en attendant que la période cyclonique soit passée ; on ne s’expose pas à ces phénomènes météo ahurissants qui génèrent des vents deux fois plus puissants qu’une violente tempête hivernale en France et font monter le niveau des eaux de plusieurs mètres. Le dernier cyclone qui a affligé Trinidad remonte à 1877, alors que Grenade, située 80 MN plus au nord et jusqu’alors épargnée, a reçu la visite d’Ivan le terrible en 2004 et d’Emily en 2005, qui ont ravagé l’île. Espérons qu’il ne prendra pas la fantaisie à l’un de ces ouragans cataclysmiques de piquer plein sud en 2017…
Gros travail pour tout ranger et tout arrimer après 6 mois de navigation, mais ça vaut mieux : l’été c’est la saison des pluies, accompagnées parfois de fortes bourrasques, et une tempête tropicale est toujours possible. Il faut protéger le bateau au mieux, prendre contact avec les artisans et préparer la prochaine saison.
À notre arrivée du Suriname, la coque du bateau était parfaitement lisse grâce au séjour prolongé du bateau dans les fleuves amazoniens. Au bout de quelques semaines dans les eaux des Caraïbes, malgré un grattage sous l’eau, les anatifes ont de nouveau envahi la coque et il y a une belle colonie de crabes tout autour. Ça promet pour la suite !
Nous avons tout de même passé 8 jours dans les îles des alentours pour jouir de plus de tranquillité…, enfin quand une sono n’est pas installée, qui diffuse jour et nuit des « musiques » hyperbruyantes sur un rythme percussif à un temps (Scotland bay). Le reggae et le calypso, jadis si enjoués, ne sont plus ici que de lointains souvenirs. Par chance, Chacachacare island, occupée autrefois par une colonie de lépreux et plus éloignée de Port-of-Spain, offre un environnement moins agité… à 6 MN du Vénézuela ; juste un peu de houle de SE.
Autrement, pas trop le temps de jouer les touristes. Ce qui est caractéristique de Trinidad est la conservation de toponymes attestant la présence de multiples occupants des lieux : (amérindien) Chaguaramas, Chaguanas, (anglais) Brighton, Port-of-Spain, Scotland bay, (espagnol) Las Cuevas, San Fernando, Sangre grande, (français) Grand Riviere, La Vache bay, Blanchisseuse, etc. S’y ajoutent les apports des ouvriers agricoles des îles de Madère, des marchands de textile moyen-orientaux et des migrants habituels, importés pour les besoins de l’exploitation de la canne à sucre (Noirs africains et Hindous). Un melting pot à l’antillaise !
Un mot sur la sécurité. Quelques attaques de voiliers en haute mer ont été perpétrées par des pirates vénézuéliens (les deux dernières en déc. 2015). De la péninsule de Paria toute proche de Trinidad, ils utilisent des pirogues équipées de moteurs hors-bord puissants pour intercepter les voiliers en route vers Grenade, qu’ils dévalisent ; ceci (+ une TVA à 12,5 % introduite en 2016) a fait fuir pas mal de plaisanciers vers d’autres rivages.
Le gouvernement de Trinidad et Tobago a pris les choses très au sérieux, d’autant qu’avec le chaos politique et économique régnant au Vénézuela il vaut mieux être prévoyant : l’exemption de TVA pour les plaisanciers étrangers laissant leur bateau dans un chantier trinidadais a été rétablie et des bateaux de surveillance croisent régulièrement au nord de l’île. Entre Tobago et Trinidad, nous avons été suivis à courte distance durant près de 30 MN par un « tug », un remorqueur de haute mer de 80 m, qui a calé sa vitesse sur la nôtre et ne nous a pas lâchés avant le détroit de Monos.
Voilà, c’est la fin de ce long périple entre Rio de Janeiro et Chaguaramas. Retour au pays après quelques jours de récupération à Tobago. Merci aux « followers » d’être toujours là. Bonnes vacances !
Bonjour suite à la lecture de votre blog je me permets de vous demander si pouvez-vous me donner des renseignements sur un chantier sérieux pour faire fabriquer un aileron ( petite quille) sous mon catamaran catana 44s au fin de pouvoir beatcher chantier qui aurait un parklev ( remorque à plateaux pour lever par dessous)
Cordialement
Bernard
Family El Pelegrino