Fort-de-France : 83 000 habitants (contre 100 000 il y a encore 20 ans ; un peu moins d’1/5 de la population de l’île tout de même), et une immense baie, largement ouverte vers l’ouest, d’une profondeur de 10 km, qui s’offre aux vagues de submersion générées par les cyclones, heureusement pas trop fréquents par ici.
La marina (de la Z.A.C. des) z’Abricots ― cofinancée par le F.E.D.E.R. (fond européen de développement régional) ― fut notre premier « point d’ancrage », d’abord pour regonfler nos batteries et remplir nos réservoirs d’eau, ensuite pour visiter la ville. Pour le moment, se rendre de la marina à Fort-de-France par le bus 31 est une vraie sinécure et ― en dehors d’une pharmacie et d’une boulangerie ― le quartier, des marais asséchés, est à l’écart de tout et difficile d’accès. Ça devrait s’arranger dans les années à venir avec l’achèvement des programmes immobiliers en cours et le développement simultané des transports.
Quoique… on peut se le demander, vu que le TCSP (transport collectif en site propre) de Martinique achevé en 2015 avec l’objectif de désengorger Fort-de-France n’est toujours pas en service ! Une affaire invraisemblable et dispendieuse à l’instar de ce qu’on sait faire en France (des portiques sur nos routes construits et détruits quelques années plus tard, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dont les nombreuses études ont englouti pour rien des sommes faramineuses…). Voir ici ou là.
La ville : colorée, agréable, plutôt soignée, dédiée hélas aux bagnoles… et, en pleine saison sèche, il pleut aussi pas mal !
Le fort Saint-Louis, qui domine et protège la baie du Carénage, accompagne l’histoire de la Martinique, une île devenue française en 1635 et rattachée par Louis XIV à la couronne royale. Il fallait défendre cette bourgade naissante (qui deviendra Fort-Royal et la capitale administrative de l’île) contre les Hollandais, les pirates et les flibustiers, les Anglais…
Christophe Colomb, reçu au Carbet par les flèches des Indiens caraïbes en 1502, ne s’intéressa que fort peu à cette île couverte d’une végétation luxuriante qui ne présentait aucun attrait pour lui.
Mme de Maintenon, épouse morganatique de Louis XIV, a vécu au Précheur, petite localité de la côte NW, à l’époque de la conquête de l’île par Pierre Belain d’Esnanbuc. Le père de la future reine non déclarée était le compagnon d’armes de ce conquistador et flibustier cauchois ; il avait obtenu de Richelieu, qui le soutenait par calcul politique et financier, l’autorisation (contre la volonté de Louis XIII) d’introduire l’esclavage dans les îles conquises. Le triste boulot sera parachevé par Louis XIV et Colbert un demi-siècle plus tard, justement sous l’influence de Mme de Maintenon, par la publication du « Code noir », qui légitimera et légalisera des pratiques interdites en France par un édit de Louis X, et fera d’êtres humains des biens mobiliers.
Quant aux Indiens caraïbes, ils seront exterminés par les successeurs de d’Esnanbuc et les rescapés fuiront sur les îles voisines.
Les Noirs qui nous ont parlé sont fatalistes : l’esclavage a été reconnu comme crime contre l’humanité (c’est un grand pas, mais un pas qui ne coûte pas cher !) ; les Créoles (ou Békés) possèdent toujours les terres qu’ils ont conquises par la force et exploitées grâce à une main d’œuvre gratuite arrachée à l’Afrique.
Il y aurait là quelque chose à corriger ; mais comment ?
Chers Patrice et Michele,
Merci pour le cours d’histoire, Patrice !
Les maisons de Fort-de-France sont joliment colorées ; quant au ciel, c’est plutôt la grisaille qui prédomine, mais c’est quand même nettement mieux que la météo pourrie d’ici qui nous accompagne depuis des jours et des jours.
Bonnes découvertes futures ; gros bisous,
Martine
Bonjour les amis.
Nous dessinons des soleils au fond de la poêle le 2 février, les jours se rallongent, les perce-neige et nivéoles sont vigoureuses.
Merci pour votre partage coloré qui nous fait revivre nos souvenirs martiniquais.
A bientôt nous nous réjouissons!
M&H