La baie de Saint-Pierre est vaste : une ouverture et un arc de cercle de 7 km. C’est cette partie du rivage martiniquais, plutôt bien protégée de l’alizé, qui a attiré les premiers conquérants ; en effet, le Carbet, où atterrirent Christophe Colomb et le Normand Belain d’Esnanbuc, se trouve au sud de cette grande baie. Mais elle ne pouvait être durablement défendue contre les assaillants ; alors on s’est replié 15 MN plus au sud sur la baie du futur Fort-de-France.
Le Carbet est aujourd’hui devenu une station balnéaire avec de longues plages et de petits restaurants.
La baie de Saint-Pierre devait être plus grande encore avant 1902, année du cataclysme, puisque la matière crachée par la Montagne Pelée a épaissi le rivage à certains endroits. La ville ― le petit Paris de la Martinique comme on l’appelait alors ― a été pratiquement rayée de la carte, 28 000 personnes ont péri, la plupart des bateaux en rade ont été coulés par des projectiles en fusion ; on a juste retrouvé un prisonnier qui avait survécu dans sa cellule, brûlé et enfumé, et un cordonnier protégé par ses murs. La veille de l’éruption, le gouverneur était encore en ville pour dire que ce qu’on entendait et voyait n’était rien, juste une manifestation de mauvaise humeur de la bête ensommeillée. C’était le 2nd tour des législatives et les scientifiques manquaient de recul pour évaluer la gravité de la situation.
Des murs demeurent du Saint-Pierre d’avant 1902, un peu partout dans la ville, témoins d’une gloire passée ; mais tout a (aurait) dû être reconstruit et, malgré un bord de mer aménagé, la ville, devenue une petite sous-préfecture de province de 4 000 habitants, laisse un goût d’inachevé. L’omniprésence du cataclysme est prégnante.
Le petit train qui retrace l’histoire de la ville et, en particulier, de la catastrophe n’est pas bon marché (15 €) et il est pris d’assaut par les passagers des bateaux de croisière venus de Fort-de-France, mais il paraît que ça en vaut la peine.
Pour en savoir davantage, c’est ici ou là.
En arrière-plan la montagne Pelée, entourée de mornes (de hautes collines) et de pitons, cache sa tête en permanence dans les nuages, comme pour occulter son éruption meurtrière. On n’est pas surpris comme à Fort-de-France par des averses tropicales en pleine saison sèche, mais il pleuviote parfois alors que le ciel est tout bleu…
La baie du Mouillage est finalement plutôt agréable ; ça bouge un peu, mais pas autant que nous l’avait annoncé le guide Patuelli. En revanche, il faut s’approcher de la ville pour pouvoir ancrer, car, à 150 m de l’embarcadère, il y a déjà 70 m de fond et à 1 MN 650 m. La montagne poursuit sa chute dans la mer. Attention à ne pas prendre son ancre dans les nombreuses épaves laissées par le volcan ! Le balisage est partiel et plus qu’incertain…
L’Alsace à Kay. Philippe MEHN, originaire d’Illkirch près de Strasbourg (où nous avons habité de longues années), assure déjà le service de douane (clear in, clear out) ; donc il est incontournable pour les voileux que nous sommes. Mais quand en plus, dans cette petite localité de Martinique, il propose des plats alsaciens mitonnés par un cuisinier haïtien (bäkeofe, choucroute royale, cervelas salat, wadele au munster, tartes flambées…) arrosés de riesling ou de pinot noir dans un très beau décor avec vue sur la rade, on ne peut qu’être charmé et conquis. Une adresse à noter absolument ― et pas seulement pour les Alsaciens ! Tél. : +596 696 77 68 67 ou +596 596 67 53 65.
Encore un grand merci Michèle et Patrice pour cette merveilleuse aventure.
Profitez bien du temps qui vous reste dans les Caraïbes, ici il fait froid, humide et le ciel est tout gris.
Bon vent
Maurice
Chers Michele et Patrice,
Je découvre cette histoire tragique ! Le temps a passé : la Montagne Pelée et son environnement méritent grandement une visite dont je profite aujourd’hui, merci beaucoup !
À bientôt pour la suite de votre périple, gros bisous,
Martine