Une île coupée en 2 par une frontière qui n’a qu’une existence virtuelle (officiellement depuis le concordat de 1648), 2 nations, les Français au nord (qui possèdent le plus gros morceau), les Hollandais au sud, d’un côté la « collectivité territoriale d’outre-mer de Saint-Martin », de l’autre, le « Land Sint Maarten », mais tout de même un pacte de non-agression et d’entr’aide, l’une appartient à l’Union européenne, l’autre non, 2 langues officielles (mais le français et le néerlandais s’effacent au profit de l’anglais et du créole haïtien), 2 monnaies, l’euro et le guilder (ou NAF = florin des Antilles néerlandaises), mais le dollar américain s’impose partout, 2 aéroports, une zone franche de taxes. Enfin, un drôle de micmac !
Nous
avons fait trois haltes à Saint-Martin avant d’y revenir plus
tard : Marigot, la capitale française, Grand-Case, là où se
trouve le petit aéroport, et Tintamarre, un îlot situé au NE.
La grande baie de Marigot, orientée au nord, est toujours un peu agitée (la nuit est toutefois plus calme). Autrefois, les bateaux se réfugiaient dans le lagon de Simpson bay, séparé de la baie par un pont qui se lève 3 fois par jour. Aujourd’hui, avec toutes les épaves qui le jonchent, parfois émergentes, parfois immergées, et l’absence de dragage, on n’ose plus trop y mettre la quille. Seuls s’y trouvent, le long du quai d’une marina qui n’existe plus, la marina Le Port Royal, quelques bateaux sinistrés, le plus souvent renfloués.
Car ― on ne peut pas ne pas en parler ― le 6 septembre 2017, l’ouragan Irma passait par là, un ouragan d’une puissance phénoménale issu d’une d’une des ondes tropicales qui naissent sur la côte africaine et traversent l’Atlantique en se renforçant ; il venait de rayer de la carte l’île de Barbuda située 70 MN au sud-est et atteignait les rivages de St Martin avec des vents de 160 nds et une pression dans l’œil de 914 hPa.
Inutile de décrire le cataclysme et ses terribles conséquences. Nous en avons parlé avec quelques-uns de ceux qui ont vécu le phénomène, cloîtrés dans des maisons : une grosse houle, puis un puissant vrombissement sont arrivés sur l’île, les bateaux ont brisé leurs amarres et ont été jetés les uns sur les autres avant de couler, des conteneurs de 20 ou 30 t ont été catapultés en haut des mornes (collines), les portes et fenêtres des maisons ont explosé, des toits se sont envolés, des murs se sont écroulés, les voitures roulaient comme des boules de pétanque, et il y a eu évidemment des morts.
Tout n’est pas encore réglé. Des gravats ou des maisons à l’état d’abandon, il y en a un peu partout ; mais il semble que le plus dur ait été fait et que St Martin offre un visage moins torturé qu‘il y a seulement un an. Il y a encore beaucoup à faire, certes, par exemple remettre en état Sandy ground, la partie française du lagon dévasté, tandis que les Hollandais ont rendu de nouveau opérationnels leurs marinas et leurs chantiers situés au sud.
La baie de Grand-Case est une belle baie protégée au nord par les rochers Crole qui a beaucoup souffert du cyclone. Le village s’étire tout au long d’une plage de sable. Malheureusement, on a beaucoup mordu sur la plage pour construire « les pieds dans l’eau », ce qui explique en partie les ravages d’Irma. La route qui longe partiellement la plage et mène à l’aéroport, à Mont-Vernon et aux villages situés au NE de l’île est très encombrée. Le mardi soir du carnaval, elle a été fermée, ce qui nous a permis d’aller au restaurant sans avoir à respirer des gaz d’échappement et de voir le défilé du carnaval.
L’Auberge gourmande (l’un des restaurants huppés du pays) nous a accueillis pour une soirée d’anniversaire. Cher, mais excellent.
Tintamarre, une petite île déserte au NE de St Martin, offre un superbe mouillage sur bouée au SW et une très belle plage.
Pour Sint-Maarten, le St Martin hollandais, nous verrons plus tard.