Le Léman, d’une longueur de 73 km, en forme de croissant, est le 2ème plus grand lac d’Europe. Il est alimenté, entre autres, par le Rhône, qui le traverse, et se partage entre 3 cantons suisses et le département de Haute-Savoie.
La première semaine, notre point de chute était le château de Veigy-Foncenex, dans l’arrière-pays de Haute-savoie, à deux pas de la frontière suisse, qui dispose de chambres d’hôtes fort agréables.
De là, nous avons pu aller vers Nernier, Yvoire, Thonon-les-Bains, Évian, Annemasse, Genève…, presque toujours à vélo.
Bon, en Haute-savoie, les pistes cyclables, ce n’est pas encore ça ! Ici, on partage presque toujours la voie soit avec les voitures, soit avec les bus, soit avec les piétons. Pour une région touristique, on ne s’est pas donné beaucoup de peine.
Aussi nous trouvions-nous souvent à galérer sur la D 1005, la deux-voies infernale qui relie Genève à Évian et qui porte une circulation invraisemblable. Comme les Haut-savoyards qui travaillent en Suisse et les Genevois qui résident en France sont des adeptes des grosses bagnoles et n’aiment pas particulièrement les vélos, ce n’est pas une mince affaire d’aller vers l’ouest ou vers l’est, d’autant plus que, même lorsqu’on utilise les petites routes, on se heurte aux conducteurs futés qui, connaissant les nombreux nœuds d’étranglement de la D 1005, les empruntent également et détestent être ralentis par des bicyclettes musardeuses. On est loin des pistes cyclables du lac de Constance [voir ci-dessus]…
Autrement, dans le Bas-Chablais, Nernier et Yvoire sont de très beaux endroits. Nernier, c’est un peu de nostalgie, puisque mes parents y ont passé leurs vacances durant de longues années et que mon père a beaucoup navigué sur le lac avec son Edel V et son Sheriff. C’est aussi le lieu où Lamartine s’est exilé durant les Cent-Jours.
« C’était le rêve le plus complet de solitude qu’aucun mortel eût pu imaginer. Le bonheur n’y était pas moins absolu, et je ne me souviens pas, dans toute ma vie, d’en avoir jamais goûté un pareil. S’il avait pu duré toujours, ma vie était close, et Dieu aurait pu fermer le livre sans rien y ajouter. La nature la plus idéale, la saison la plus tiède, la solitude la plus silencieuse, la société la plus innocente et la plus bornée : la fille du batelier, une chambre, une hirondelle, un chien, un lac pour horizon, une espérance vague et imprécise pour perspective, et la sève de la jeunesse pour vivifier tout cela, c’était tout ce que l’humanité pouvait désirer. Non, jamais je n’ai vécu de jours qui aient égalé ces jours de Narnier. La mélancolie et le désert ne trouveront pas deux fois un tel Eden.” (Confidences, 1849 — Alphonse de Lamartine)
Le pauvre village de pêcheurs, rattaché comme toute la Savoie à la France en 1860, est aujourd’hui aux mains de très riches Moyen-orientaux et de résidents suisses.
Yvoire, ses remparts, son château du XIVème siècle, ses boutiques et ses maisons anciennes, sa promenade et ses restaurants au bord du lac, son Jardin des Cinq sens est un bourg médiéval pittoresque qui mérite également le détour. En cette période de post-confinement, il n’y avait d’ailleurs pas grand monde.
Un regret toutefois : le port de plaisance qui occupe presque toute la baie d’Yvoire et ne laisse pas même une petite plage.
Thonon, perchée sur sa falaise, offre un superbe panorama ; mais la ville a trop sacrifié son bord de lac aux villas, aux voitures et aux bateaux. Évian a une belle promenade au bord du lac et des rues commerçantes agréables.