Notre première escale en Guyane ― après une traversée houleuse et ventée du fameux Pot-au-Noir ― fut Cayenne, la préfecture du département située sur le fleuve Mahury au sud de la Guyane. À vrai dire, pas vraiment Cayenne, puisque la marina se trouve à Dégrad des Cannes, à 15 km en amont du fleuve ; mais, comme elle est toujours occupée par des plaisanciers qui vivent pour beaucoup à bord, nous avons jeté l’ancre à quelques encâblures. Par la suite, nous nous sommes mis à couple du bateau des Phares et balises, qui ne sortait pas cette semaine-là.
À Dégrad, les plaisanciers se connaissent bien et vivent ici pour un prix défiant toute concurrence (environ 5 €/jr pour un 12 m sur une période de 6 mois). À notre arrivée, nous avons été reçus chaleureusement dans une ambiance de fête sur un voilier qui quittait la marina ; mais bon, c’était le Nouvel an… Le reste du temps, dans ce coin d’exil, l’ambiance est plutôt morne.
Le responsable de la marina, un ancien de la Royale très sympathique, a été nommé depuis peu par le Grand port de Guyane pour gérer l’incurie qui régnait jusqu’alors. Progrès saisissant : auparavant 20 % des plaisanciers passaient à la caisse ; aujourd’hui 80 %.
Malheureusement, ce temps heureux aura bientôt une fin. Le Grand port de Guyane veut récupérer la zone où est installée la marina dès juin 2017 et la maire de Cayenne a proposé de créer un champ de bouées à Cayenne (en attendant mieux) pour accueillir les expulsés. Oui mais l’eau ? l’électricité ? Et puis l’envasement récurrent et inéluctable des abords de la ville ? Selon elle, les Hollandais savent créer et gérer des polders et ça devrait pouvoir se faire ; sauf que l’immense delta de l’Amazone n’est pas la mer du Nord ! Affaire à suivre…
Cayenne ? Située sur une presqu’île bordée par deux fleuves, c’est une petite préfecture départementale, comme on en rencontre beaucoup en métropole, assoupie et sans grand caractère malgré son architecture de mélange et ses rues commerçantes. Les couleurs chatoyantes du Brésil se sont évanouies sans crier gare. Le Fort de Montabo offre une très belle vue sur le large et les îlets, l’immense place des Palmistes autour de laquelle sont regroupés les grands bâtiments administratifs un espace de sérénité, le musée départemental un aperçu de l’histoire et de la biodiversité guyanaises, la route des plages de très belles perspectives sur le fleuve Mahury.
Comme partout ailleurs, au-delà de la ville, c’est la forêt amazonienne.
À Dégrad, il y a aussi un remorqueur hollandais, qui est là pour libérer le chenal du fleuve si d’aventure un cargo manquait sa manœuvre ou tombait en panne de machine ; il y a en effet beaucoup de courant et, quoique la drague travaille quasiment en permanence, on peut facilement s’échouer. L’équipage est dans l’attente d’une situation de cette nature, un peu comme, dans le roman de Buzzati « Le Désert des Tartares », le lieutenant Drogo attend les Tartares… Il est vrai que toute l’activité économique de la Guyane passe par le fleuve Mahury et Dégrad des Cannes, y compris le carburant des fusées, et qu’un blocage du chenal d’accès engendrerait des pertes considérables.
Grâce à la gentillesse de Jean-Paul, le capitaine breton, et de Franz, le capitaine hollandais, nous avons pu visiter le remorqueur Arashi (28 m sur 10 de largeur), quasiment neuf. La salle des machines, c’est autre chose que chez nous avec les 2 énormes moteurs Caterpillar, une motopompe à eau ultrapuissante pour éteindre les incendies et des hélices azimutales, capables de propulser le bateau sans perte d’énergie dans toutes les directions, le tout informatisé à l’extrême.
Petits travaux sur Mindelo pour finir : Resouder un tube du portique qui n’a pas supporté l’emballement de l’éolienne lors de la traversée du Pot-au-Noir ; Francis, un Meusien atterri en Guyane qui rêve d’aller au Costa Rica, s’en est chargé, pendant que Bubu retaillait notre toile de récupération d’eau pluviale pas vraiment au top.
Chers Michele et Patrice,
Merci beaucoup pour la présentation de ce bout de France lointain ! Comme on peut le voir sur les photos, vous n’êtes plus au Brésil ! Les couleurs sont nettement moins éclatantes et j’espère que vous n’aurez pas la pluie tous les jours.
Je vous souhaite de faire malgré tout de belles découvertes et vous envoie des bisous affectueux.
Martine
Bonjour les mindeloniens,
Pour vous en 2017, d’heureuses découvertes en ces terres lointaines teintées de sonorités françaises, de riches paroles avec tous ces navigateurs avertis, des saveurs et parfums et de la curiosité à l’infini!
Nous avons commencé cette année avec la neige et le froid : 10 degrés en dessous depuis deux semaines, la lumière est belle, les marches revigorantes sous les arbres enneigés des Vosges ou de Forêt-Noire.
De belles escapades culturelles dans des expositions, au théâtre, dans des musées à Paris, à la Fondation Vuitton, au Jeu de Paume, dans des restaurants indiens, grecs…, des confitures de cédrat et clémentine, des zopf et autres tartes du dimanche, la fête du Nouvel an chinois bientôt à la nouvelle lune avec les enfants, donnent à ce mois de janvier de chaudes couleurs!
Et bientôt la pause de février avec un voyage à Bruxelles, puis sur la route de l’olivier près de Nyons.
Bon vent les amis!
Marianne et Hendrik