Le Maroni est un fleuve d’une longueur de 612 km qui sépare la Guyane du Suriname, ancienne Guyane hollandaise devenue indépendante en 1975 ; un fleuve large et puissant, d’un débit moyen de 1700 m³/s équivalent à celui du Rhône, de couleur marron comme les terres qu’il traverse et la peau de ses riverains.
Sur ces territoires, le mélange des races et des populations est assez inédit : Amérindiens, les plus anciens habitants, Créoles descendant pour beaucoup de forçats, Bushinengués, descendants d’esclaves qui se sont libérés et ont longtemps vécu dans la forêt, Chinois, comme partout propriétaires de petits commerces, Hindous, Javanais, qu’on a fait venir après l’abolition de l’esclavage, Européens nouvellement arrivés, Brésiliens cherchant de meilleures conditions de vie, Haïtiens qui fuient leur pays en ruine… Sauf que pas grand-chose n’unit ces communautés ; chacune d’entre elles vit selon ses traditions et en fonction de ses intérêts propres.
St Laurent du Maroni (côté guyanais) fait face à Albina, d’où arrivent chaque jours de longues et étroites pirogues motorisées, sur lesquelles sont entassés les enfants nés en Guyane, donc potentiellement français, scolarisés à St Laurent. S’y ajoutent les pirogues commerciales, notamment les jours de marché, ou les transports vers Albina de ceux qui recherchent des prix plus attractifs. La douane et la police semblent suivre ce commerce transfrontalier de loin, alors que les trafics divers et variés qui ont lieu entre les deux rives sont connus de tout le monde et que la délinquance est en forte augmentation.
Le 6 de chaque mois, la CAF verse les allocations familiales ; longue file d’attente. Inutile d’aller chercher de l’argent à un guichet automatique : tout le stock de billets disponibles est épuisé pour longtemps. De commune pénitentiaire qu’elle était jadis, St Laurent du Maroni est devenue la commune de France et de la zone des Caraïbes au plus fort taux de natalité (4,5 enfants par femme). 5 000 hbts en 1965, 44 000 en 2013, 130 000 prévus en 2030 ; 50 % de la population a moins de 20 ans. À l’arrivée, un taux de chômage record, car l’économie est balbutiante : voir ici.
Davide, un navigateur italien échoué ici en 2012, s’active à créer sa marina entre l’épave de l’Édith Cavell, figée dans le fleuve depuis 1924 et surmontée d’une véritable forêt vierge, et St Laurent du Maroni. Pour le moment, il n’y a qu’un champ d’une vingtaine de bouées avec une bonne couverture wifi, ce qui est appréciable, un ponton d’accueil et un petit café restaurant avec lave-linge et sèche-linge (indispensable compte tenu de l’humidité ambiante) ; les pontons viennent tout juste d’arriver par le dernier cargo et ils devraient être mis en place dans les mois à venir, le temps de régler les derniers détails avec les administrations concernées (en métropole c’est long ; en Guyane c’est interminable, chaque fonctionnaire étant particulièrement soucieux de ses prérogatives…).
L’endroit est idéalement située sur une rive déjà aménagée, à proximité d’une placette circulaire en cours de finition, à 100 m de la mairie, de l’église et du marché. Nul doute que la marina deviendra une halte incontournable sur la route du Brésil vers les Caraïbes ou pour ceux qui voudraient s’éloigner des Caraïbes, d’autant que, grâce à l’éclairage des réverbères de la rive, la zone de mouillage paraît sûre.
Le camp de la Transportation de St Laurent du Maroni est le centre de tri où arrivait de la forteresse de St Martin-de-Ré le vaisseau de transport du bagne, le La Martinière. On classait les bagnards en trois catégories : les déportés (le plus souvent politiques, qui finissaient aux Îles du Salut – cf. blog précédent), les transportés (criminels jugés aux assises) et les relégués (petits délinquants récidivistes emprisonnés à St Jean du Maroni). Pour en savoir davantage, c’est ici.
Le temps : pluvieux. Janvier c’est la petite saison des pluies. De temps à autre, douche obligée, mais l’eau du ciel est chaude et, comme nous la récupérons, nous n’avons pas à transporter de bidons. En février, ça s’améliore nettement.
À cause de mon dos assez mal en point et de la franchise exigée par les loueurs (1800 € pour une petite voiture !!!), nous avons renoncé au déplacement au Centre spatial de Kourou. En revanche, comme il y a toujours à faire sur un bateau, de nombreux petits travaux en attente ont pu être effectués.
Merci pour vos superbes photos .
La Guyane est pour moi un souvenir ancien !
Bonne navigation !
Bisous à vous deux
Marie-F.
Les photos sont là pour “inviter au voyage”.
La Guyane c’est fini.
Nous sommes à présent sur le fleuve Suriname, 200 km plus loin, notre dernière étape avant les Caraïbes (encore 4 jours de mer).
Bisous
P
Comme toujours le blog de nav nous fait voyager! Les photos sont magnifiques! Ma tante habite en Guyane!
Bon vent!
Justine
Bsr !
Je viens de faire connaissance avec votre blog.
J’apprécie tout particulièrement vos articles et voyages sur paramaribo et Saint laurent du Maroni.
Petite question : Quel est le tirant d’eau maxi de votre bateau?
D’autre part , sur le maroni , Jusqu’ou remonte les cargos ?
Salutations cordiales
Patrice