Pointe-à-Pitre, située à l’endroit où les ailes du papillon guadeloupéen se touchent, se trouve dans le Petit Cul-de-sac marin, à l’entrée de la Rivière salée qui sépare les deux îles la Basse-Terre et la Grande-Terre. La ville a été fondée par les Anglais en 1760, car la ville de Basse-Terre, premier lieu d’implantation française, ne disposait pas d’un site portuaire indispensable aux échanges commerciaux. Pour bâtir la ville, 35 000 esclaves ont dû combler un vaste espace marécageux entre la paroisse des Abymes et le bras de mer.
Contrairement à la Martinique, dont les békés ont appelé à l’aide les Anglais pour se tirer d’affaire, les esclaves guadeloupéens ont pu s’imposer en 1794, sous la houlette de Victor Hugues, lorsque la République a aboli l’esclavage ― du moins, jusqu’à ce que Napoléon envoie un corps expéditionnaire rétablir l’ordre ancien. Cette période a laissé des traces dans l’imaginaire collectif, que le carnaval ― un précieux exutoire ― révèle chaque année (noirceur de peau, couleurs flamboyantes, chaînes, fouets, regards ostensiblement provocateurs ou hostiles…). Après l’abolition de l’esclavage, la population sort des plantations et « négrifie » le carnaval qui fut souvent un signe de contestation et de rébellion, un acte de dérision vis-à-vis d’une société où les noirs ne trouv(ai)ent pas leur place.
Si la marina du Bas-du-Fort est moderne et agréable (sauf le ponton à annexes où il est toujours compliqué d’y loger son annexe), on y trouve rarement une place, en tout cas pas durant la longue période du carnaval ou en fin de semaine. D’aucuns disent que le mieux est d’entrer sans s’annoncer ; on finit toujours par obtenir une place… Une vaste zone de mouillage lui fait face, qui est protégée par une barrière de corail. Pour l’eau, il faut aller à la station-service.
Restaurant recommandable : la Frégate sur le port ; on y mange bien et le service est de qualité.
La ville en soi est plutôt terne et en devenir. Il est vrai que les cyclones, éruptions volcaniques, séismes et incendies qui se sont succédé depuis la fondation ont souvent obligé à une reconstruction rapide. Aujourd’hui, on utilise l’acier pour solidifier les bâtiments. Bien entendu, les rues commerçantes qui mènent aux paquebots de croisière sont soignées ; le reste est comme laissé en friche malgré une affluence touristique qui ne cesse d’augmenter.
Le Maxi Solo Banque Populaire, qui se trouvait au quai d’honneur de la marina pour quelques mises au point, est un trimaran de la catégorie Ultim mis à l’eau fin 2017 à Lorient. C’est un bateau aérien, évolutif, futuriste, propulsé au-dessus de l’eau ; il profite de la technologie éprouvée des foils, ces appendices sustentateurs qui équipent aujourd’hui tous les multicoques de compétition. Longueur 32 m, largeur 23 m, poids 15 t, hauteur du mât 38 m, surface de voile au près 610 m², au portant 890 m², vitesse attendue plus de 40 nds (75 km/h).
Armel Le Cléac’h, dernier vainqueur du Vendée globe (course en solitaire autour du monde) sera un concurrent sérieux pour la victoire dans la Route du Rhum entre St Malo et Pointe-à-Pitre en novembre 2018, lui qui vient de faire le parcours en équipage en un peu plus de 6 jours.