Livret


EXTRAIT DU LIVRET DU DRAME MUSICAL
« MARIE DE VERNEUIL »
d’après le roman de BALZAC “Les Chouans”

Prélude musical

ACTE PREMIER

Premier tableau

Devant l’auberge des Trois-Maures à Alençon

Le colonel Hulot, gouverneur militaire des territoires de l’Ouest, peste contre la dépêche qu’il a reçue de Paris, lui enjoignant de se mettre au service d’une aristocrate et de l’escorter jusqu’à Fougères. De son côté, le capitaine Merleau ― un peu las de toutes ces années de guerre ― est conquis par la grâce de Marie de Verneuil.

Le colonel Hulot et le capitaine Merleau : Par les voies de l’enfer (I,01)

(le colonel Hulot)

Je suis furieux très irrité
De bons soldats pour escorter
Une mondaine quel office sinistre
Pour sûr la fille de quelque ministre

Nous paradons quand sans riposte
On dévalise la malle-poste
Les gens qui regimbent sont assassinés
Le pays est rançonné

(le capitaine Merleau)

Mon colonel
Vous me paraissez bien rebelle
Au charme ingénu
De cette belle et charmante inconnue

Moi je suis las
Des combats qui n’en finissent pas
Je suis bienheureux
De penser à autre chose sacrebleu

(le colonel Hulot)

Je le sais je suis une bête
Mais je n’aime pas qu’on m’embête
Ces muscadins et troupiers de salon
Pourraient choyer eux-mêmes leurs cotillons

La République a ses migraines
Elle engage une patricienne
Créature tortueuse et écorchée
Aux mains du glauque Fouché

(le capitaine Merleau)

Mais cette garce
Que vient-elle faire dans cette farce
Son odieux comparse
Discerne-il encore Vénus de Mars

Une ci-devant
Qui s’en prendrait à ces brigands
C’est assez étrange
Des mains pour broder un visage d’ange

(le colonel Hulot)

La damnée femelle servira d’appât
À sa vue le loup sortira du bois

(ensemble)

On se bat à présent comme des serpents
Embuscades traquenards embûches ou guet-apens

(le colonel Hulot)

Un jeu sordide va commencer
Et nous serons tous menacés

(ensemble)

Car à Paris on choisit de mener nos affaires
Par les voies de l’enfer
Par les voies de l’enfer
L’enfer

Ils quittent les lieux.
Arrivent Florine et Marie de Verneuil.
Florine, l’amie et la confidente de Marie, interroge celle-ci sur les raisons de ce voyage en pays chouan. Marie lui fournit quelques explications, sans cependant se livrer complètement.
Elles gagnent ensuite leurs chambres.

Florine : Marie dites-moi (I,02)

(Florine)

Oh ma chère amie
Vous n’avez plus ri
Depuis que nous sommes parties de Paris

Vous restez murée
Triste conjurée
Dans un silence de granit désespéré

Nous nous sommes jetées
Comme des effrontées
Sur des chemins cahoteux et redoutés

Depuis quelques lieues
Un soudard rugueux
Nous embrasse d’un regard noir et furieux

Oh ma douce amie
Vous n’avez rien dit
De la Normandie où vous avez grandi

Quelle est la raison
Ou la déraison
Qui vous conduit à présent vers Alençon

Il y a peu de temps
Sans un sou vaillant
Vous parliez de disparaître sur-le-champ

Quand un messager
De Monsieur Fouché
Avec maints égards est venu vous chercher

Marie dites-moi
Marie dites-moi
Ne m’abandonnez point à mon embarras

Oui je crains pour vous
Et je vous l’avoue
Un mot de vous rendrait ce tourment plus doux
Un mot de vous rendrait ce tourment plus doux
Bien plus doux

Marie de Verneuil : Vois-tu Florine (I,03)

(Marie)

Vois-tu Florine
Bien à tort tu imagines
Que je suis d’humeur chagrine
Mon cœur est en émoi
Mon esprit en effroi
Oui je m’enflamme
Pour un fol dessein pouvant forger un drame
Il enchante et envoûte mon âme
Le silence
Me tient lieu de conscience

Oh
Chênes noirs aux couronnes jaunies
Feu d’un ciel à l’agonie
Ajoncs frissonnant sous les rafales
Masquant de fiers Parsifals
Changements fulgurants des couleurs
Douce lumière et charme enjôleur

Intrigue obscure
Veinée de passions et de blessures
J’en sens le souffle sur ma guipure
Un parfum d’aventure m’envahit
L’horrible couteau
Silhouette lugubre pendue sur mon cou
N’a pas même forcé mon goût
Pour le rôle plein d’attraits
Qu’on m’offrait

Non
Heures ternes d’une vie rangée
Comme vous me désespérez
J’aime l’épreuve et je la désire
Doux et insidieux plaisir
Quand on risque gros pour peu de gloire
Quand la mort est le dernier rempart

Espoirs volés
Pâles souffrances qui m’ont effleurée
Je n’ai pas vraiment aimé
Je suis lasse d’espérer
De rêver
Espérer et rêver
Rêver

Le marquis de Montauran, jeune chef des Chouans tenant son pouvoir du Roi en exil, se trouve également à l’auberge, déguisé en officier de marine. Il reproche à Madame du Gua les exactions commises par les Chouans. Celle-ci, en se défendant, laisse entrevoir les sentiments qu’elle lui porte.

Madame du Gua et le marquis de Montauran : Voilà des mois (I,04)

(le marquis de Montauran)

Voilà des mois que je suis là
Envoyé par le Roi
Pour mener un combat
Voilà des mois que je suis là
Sans autre résultat
Que quelques coups d’éclat

Où sont ces figures de légende
Les troupes que je commande
Saccagent pillent et brigandent
Et vous n’êtes pas la dernière
À toujours vous complaire
Dans ces viles affaires

(Madame du Gua)

Mais marquis nous avons grand besoin d’or et d’argent
Pour acheter des armes et satisfaire nos gens
Pas une guerre ne fut gagnée avec des gueux
Pieds nus armés de fourches et de pieux

Vous n’êtes plus Monsieur auprès du Roi en Courlande
Nourri d’esprit courtois et vivant de prébendes
Le courage ne suffit plus pour les défaire
Les Bleus s’y entendent à la guerre

(le marquis de Montauran)

Tous vos guet-apens m’indisposent
Ils ne sont pas grandioses
Et nuisent à notre cause
Ces bandes de coupe-jarrets
Trop désordonnées
Ne peuvent faire une armée

À défaut de rien empêcher
Quand vous les y pressez
Prête à tout sacrifier
Je dois me tenir à l’écart
De ces menées barbares
Qui ternissent notre gloire

(Madame du Gua)

Ce serait je le sais un bonheur éternel
D’aller vous retrouver dans votre citadelle
La vertu doit être bien douce auprès de vous
Je crois que j’aime votre dégoût

En secret je me prends à regretter parfois
Ce que ces massacres sanglants ont fait de moi
Pourtant toute besogne a sa nécessité
Le propre de la guerre est de tuer

Deuxième tableau

À l’auberge des Trois-Maures à Alençon, avant le dîner pris en commun

Marie de Verneuil, Florine, Madame du Gua, le marquis de Montauran et le capitaine Merleau tentent de savoir qui ils ont en face d’eux.

Le marquis de Montauran, Marie de Verneuil, le capitaine Merleau, Madame du Gua et Florine :
Souffrez Madame (I,05)

(le marquis de Montauran)

Souffrez Madame qu’à vous je me présente
Citoyen Antoine Saint-Mérante
Je suis honoré et flatté
De déjeuner à vos côtés

(Marie de Verneuil)

Mon Dieu dans cette auberge bien modeste
J’espère que le dîner sera digeste
Marie de Verneuil est mon nom
Florine est ma compagne

(le marquis de Montauran)

Madame du Gua ma gouvernante
M’escorte jusques à Nantes
Premier lieutenant de vaisseau
Je dois embarquer aussitôt

(le capitaine Merleau)

Je suis le capitaine Merleau
Adjoint au colonel Hulot
Gouverneur de ce territoire
Au nom du Directoire

(Madame du Gua à Marie de Verneuil)

Vous semblez être une personne bien précieuse
À en juger par cette troupe si nombreuse
Êtes-vous protégée ou surveillée
Vous me voyez fort intriguée

(Florine)

Ces terres de l’Ouest fourmillent de Chouans
Aux vraies allures de brigands
Voyager seul est une gageure
Parfois une l’aventure

(le marquis de Montauran)

Ces gens défient la République
Il faudra bien qu’on leur réplique
Une action vigoureuse s’impose
Pour que triomphe notre cause

(Marie de Verneuil)

Nous vivons une époque terrible
Où chacun n’est plus qu’une cible
Depuis qu’est tombée la Bastille
L’eau est couleur de myrtille
L’eau est couleur de myrtille

La conversation est soudain interrompue par un cri de chouette obstinément répété, en réalité le signal utilisé par les Chouans. C’est ce qu’explique avec une ironie amère le capitaine Merleau.

Le capitaine Merleau : Le cri des chats-huants (I,06)

(Marie de Verneuil)

Mais quel est donc ce cri
Qui pénètre jusques ici

(le capitaine Merleau)

C’est Madame le cri d’une chouette
Ces oiseaux pullulent comme des mouettes
Les érudits les disent noctambules
Cependant tout le jour ils ululent

Ajoncs du bocage
Ruelles du village
Cri tendu d’une colère sauvage
Impudent rapace
D’une belle audace
Pour lui j’ai du plomb dans ma besace

Ces cris stridents que le vent nous porte
Ce sont Madame des mots qu’il colporte
Une question ou une réponse
Ou encore un danger qu’on annonce

Ajoncs du bocage
Ruelles du village
Cri tendu d’une colère sauvage
Impudent rapace
D’une belle audace
Pour lui j’ai mis du plomb dans ma besace

La clameur serait bien attachante
Si la volaille n’était point méchante
Régnant sans partage et sans scrupules
Elle est de ce pays le scrofule

Ajoncs du bocage
Ruelles du village
Cri tendu d’une colère sauvage
Impudent rapace
D’une belle audace
Pour lui j’ai du plomb dans ma besace

Les sifflements se font plus pressants
Que se passe-t-il donc à présent
Serait-ce mon camarade Hulot
Qui effarouche ainsi nos moineaux

Ajoncs du bocage
Ruelles du village
Cri tendu d’une colère sauvage
Impudent rapace
D’une belle audace
Pour lui j’ai mis du plomb dans ma besace

Ajoncs du bocage
Ruelles du village
Cri tendu d’une colère sauvage
Impudent rapace
D’une belle audace
Pour lui j’ai du plomb dans ma besace

Ajoncs du bocage
Ruelles du village
Cri tendu d’une colère sauvage

(entre le colonel Hulot)

Le colonel Hulot a des soupçons sur l’identité du marquis. Il l’interroge sur les raisons de son voyage et sur l’attaque de la malle-poste, dans laquelle ils voyageaient, sa prétendue gouvernante et lui. Il veut se saisir de lui, afin d’éclaircir cette affaire.
Marie s’y oppose et lui montre une lettre officielle signée de Fouché, ministre de la Police, lui donnant les pleins pouvoirs. Hulot, fort contrarié, s’incline. Il décide d’abandonner l’escorte, qu’il confie au capitaine Merleau.

Madame du Gua, le colonel Hulot, le marquis de Montauran et Marie de Verneuil :
Je vous prie de me suivre (I,07)

(Madame du Gua au capitaine Merleau)

Capitaine c’est tout à fait captivant
Sur ma foi vous êtes un grand savant
Cette liberté dans la rime et le ton
Je crois qu’il vous faut cultiver ce don

(le colonel Hulot)

Mon propos est hélas moins poétique
Et vous serez bientôt moins ironique

(se tournant vers le marquis de Montauran)

Vous êtes m’a-t-on dit un nommé Saint-Mérante
Et vous allez vous embarquer à Nantes

(le marquis de Montauran)

C’est exact mon colonel
Sachez que nous l’avons échappé belle
Détroussés dépouillés
Nous étions tout près d’être massacrés

(le colonel Hulot)

Vous me contez là une étrange fable
Qui selon toute apparence vous accable
Votre affaire ne me paraît pas bien sincère
Et répugne à mon esprit militaire

Sans résister je vous prie de me suivre
Monsieur Saint-Mérante a cessé de vivre
Il gît sur un pré à deux lieues d’ici
Et n’a plus sur l’avenir de soucis

(Marie de Verneuil entraîne le colonel à l’écart et lui montre la lettre officielle qu’elle détient)

Colonel un instant
Je vous assure que c’est important
Cette lettre vous intéresse
Quelqu’un l’a rédigée à votre adresse

(reprise orchestrale du thème A pendant que le colonel lit la lettre)

Le  colonel Hulot et Marie de Verneuil (à l’écart des autres) : Madame je m’incline (I,08)

(le colonel Hulot)

Madame je m’incline
La lettre n’est pas anodine
Elle vous donne de l’autorité
Je ne puis le contester

Le pli d’un ministre
Serait-il le dernier des cuistres
M’impose de vous écouter
Et sans discuter

(Marie de Verneuil)

Cher colonel
Laissons ces querelles
C’est essentiel

Ce jeune marin
N’est pas si malin
Attendez donc demain

C’est déraison
Qu’une arrestation
Pour quelques soupçons

Soyez patient
Et plus clairvoyant
Juste un court instant

(le colonel Hulot)

Madame cette guerre
Vous est tout à fait étrangère
Vous n’êtes plus dans un salon
Où donnent les violons

Je ne puis en démordre
Ma mission est d’assurer l’ordre
Ce jeune et pimpant freluquet
A l’air d’un suspect

(Marie de Verneuil)

Quelle mouche vous pique

(le colonel Hulot)

Quelle mouche la pique

(Marie de Verneuil)

Je vous trouve épique
Et colérique

Vous ne pouvez

(le colonel Hulot)

Vous m’entravez

(Marie de Verneuil)

Tous les arrêter
Et les exécuter

Vous faites erreur

(le colonel Hulot)

Je fais erreur

(Marie de Verneuil)

Dans votre fureur
En semant la peur

Sans habileté

(le colonel Hulot)

Sans habileté

(Marie de Verneuil)

Jamais ne vaincrez
Et tous nous perdrez

(le colonel Hulot)

Et tous nous perdrez

Ce jeu n’est pas pour moi
Le combat est bien trop sournois
Merleau saura vous escorter
Je dois vous quitter

Merleau saura vous escorter
Je dois vous quitter

Troisième tableau

En chemin

Mme du GUA profite d’une halte pour charger Marche-à-terre de prendre des renseignements sur Marie auprès de leurs amis.

Madame du GUA et Marche-à-terre : Comme une chienne enragée (I,09)

(Madame du Gua)

Marche-à-terre
Va trouver nos fidèles amis sans mettre pied-à-terre

(Marche-à-terre)

Pied-à-terre

(Madame du Gua)

Demande-leur
Qui est cette femme qui se dit duchesse de Verneuil

(Marche-à-terre)

De Verneuil

(Madame du Gua)

Pense aussi
À t’informer sur la raison de sa présence ici

(Marche-à-terre)

La raison

(Madame du Gua)

Hâte-toi
Nous nous retrouverons ce soir à dix heures au manoir

(Marche-à-terre)

Au manoir

(Madame du Gua)

Certains signes
Me laissent penser que c’est une créature maligne

(Marche-à-terre)

Très maligne

(Madame du Gua)

Il ne faut
Qu’aveuglés par son jeu nous courions tous à l’échafaud

(Marche-à-terre)

L’échafaud

(Madame du Gua)

Sans tarder
Le péril que je pressens devra être conjuré

(Marche-à-terre)

Conjuré

(Madame du Gua)

Sans pitié
Elle sera exterminée comme une chienne enragée

(Madame du Gua et Marche-à-terre ensemble)

Sans pitié
Elle sera exterminée comme une chienne enragée

Florine, qui est originaire du même village que Marche-à-terre et qui l’a jadis aimé, surprend la conversation et demande à celui-ci de protéger Marie.

Florine et Marche-à-terre : Pierre (I,10)

(Florine)

Hé toi
Tu es bien Pierre Leroi
Du village de Saint-Anne
À deux lieues de Vannes

Le Pierre
Du bord de la rivière
Qui m’apportait jadis
De bonnes écrevisses

Quand il venait
Ma mère l’accueillait
En souriant
Et en soupirant

J’étais moi-même
Prête à dire je t’aime
Oui mais voilà
Il s’en alla

(Marche-à-terre)

J’ai fui
Notre pays
La rage au cœur
Ainsi qu’un voleur

Les Bleus
Hantaient les lieux
Nous enrôlaient
Pour battre l’Anglais

L’abbé Gudin
Que tu connais bien
Nous a poussés
À nous révolter

Il nous a dit
Que le Paradis
Était à ceux
Qui servaient Dieu

(Florine)

Mon Pierre
S’est donné à la guerre
Sans un jour se soucier
De mon amitié

Il quête
Depuis comme une bête
Attendant l’ordre
D’aller mordre

Et aujourd’hui
Ma plus chère amie
Est en danger
En très grand danger

Pierre promets-moi
Pour l’amour de moi
De l’épargner
Et la sauver

(Marche-à-terre)

La femme
Tisse une trame
Qui nous nuira
Ou nous détruira

Je dois
Sauver le  Gars
Le protéger
Contre ses menées

Tiens-toi loin d’elle
Loin de ses dentelles
C’est je le flaire
Une aventurière

Fuis-la sans fard
Tant qu’il n’est pas tard
Rentre au village
Avant l’orage

Rentre au village
Avant l’orage

Le marquis est séduit par Marie, qui se sent irrésistiblement attiré par lui. Mais elle est préoccupée, car elle a pour mission de neutraliser le chef chouan. C’est pourquoi elle l’interroge, sans se découvrir d’un fil. Montauran reconnaît être un des chefs chouans, sans plus ; puis il invite Marie et son escorte à passer la nuit dans son château de la Vivetière.

Marie de Verneuil et le marquis de Montauran : Votre humble serviteur (I,11)

(le marquis de Montauran)

Vous m’avez tiré d’une bien fâcheuse posture
Sans vous l’officier me condamnait sans fioritures
Je vous remercie d’avoir modéré ses ardeurs
Croyez que je suis votre très humble serviteur
Mais d’où vient Madame que vous soyez si influente
Vous qui n’avez pas les apparences d’une intrigante
Que tous ces soldats vous obéissent sans discuter
Malgré le nom que vous portez

(Marie de Verneuil)

Oh Monsieur que sont donc quelques soupirs
S’ils peuvent aider un homme qui justement conspire
Vous jouez fort mal les marins qui embarquent
Et votre visage ne peut cacher votre marque
Le colonel a pour moi des égards
Il servait autrefois chez mon père au manoir
En grognant il a accepté l’idée
Que ses soupçons n’étaient pas entièrement fondés
Me direz-vous à présent qui vous êtes
Si vous n’êtes pas un chevalier des tempêtes

(le marquis de Montauran)

C’est vrai je le crains le travesti ne me sied guère
Pour Dieu et le Roi je fais une terrible guerre
Mais vous qui semblez adhérer à notre parti
Ne me direz-vous ce qui vous mène en ce pays
J’aimerais savoir d’où vous venez où vous allez
Pourquoi votre visage affiche un regard désolé
Tous ces petits riens auxquels s’étanche votre vie
Vos joies et vos peines et vos envies

(Marie de Verneuil)

Épargnez-moi Monsieur je vous en prie
Ces déclarations qui fleurent la badinerie
Elles ne suffiront pas à vous donner un crédit
Dont je suis savez-vous fort avare
Il serait inconvenant que vous pensiez
Avoir pour un compliment cause gagnée
Pour l’avenir je nourris des projets
Et ne suis pas d’humeur à vous servir de jouet
Mais qui est cette femme au regard noir
Toujours prête pour vous plaire à bâtir un rempart

(le marquis de Montauran)

Marie permettez que je vous convie à souper
À deux lieues d’ici où j’ai une propriété

(Marie de Verneuil)

Monsieur si j’accepte votre soudaine invitation
Mes soldats seront sous votre protection

…/…

Adaptation du roman de BALZAC « Les Chouans »

par Patrice GEFFROY

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