Un peu plus haut sur le fleuve en pleine forêt amazonienne la marina de Waterland. Il fallait en effet recharger les batteries du bateau et remplir nos réservoirs d’eau.
Noel (qui vient de partir vers Grenade avec un ami pour une première navigation au long cours) a établi ici son resort : parc arboré et fleuri, bungalows, marina sur pontons avec eau, électricité et wifi (poussive), restaurant… Il a le sens de l’organisation et a su créer une ambiance amicale. Le cadre est magnifique et le parc soigné avec amour et professionnalisme. La petite marina a de l’intérêt, car, en dehors de Dégrad des Cannes (qui disparaîtra peut-être), c’est la seule vraie marina entre le Brésil et les Antilles. Tarif européen : environ 20 €/jour.
Le dimanche, c’est le lunch dansant avec des mets choisis. Beaucoup accourent de Domburg et de Paramaribo.
La sérénité de l’endroit nous a incités à y demeurer plus longtemps que prévu avant de rejoindre les Antilles.
Revenons au Suriname, dont nous avons commencé à expliquer les difficultés actuelles dans notre dernier article (cf. Domburg et Paramaribo).
L’épisode du nègre de Surinam(e), cet extrait de Candide que tout lycéen a lu, vient immédiatement à l’esprit (avec le recul qui convient) :
En approchant de la ville [de Surinam], ils [Candide et son ami Cacambo] rencontrèrent un nègre étendu par terre, n’ayant plus que la moitié de son habit, c’est-à-dire d’un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite. « Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l’état horrible où je te vois ? ― J’attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre. ― Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t’a traité ainsi ? ― Oui, monsieur, dit le nègre, c’est l’usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l’année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : « Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux, tu as l’honneur d’être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. « Hélas ! je ne sais pas si j’ai fait leur fortune, mais ils n’ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m’ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants d’Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains. Or vous m’avouerez qu’on ne peut pas en user avec ses parents d’une manière plus horrible.
Un éclairage nouveau, longtemps après Voltaire.
Le trafic de cocaïne, où le Suriname sert depuis toujours de trait d’union entre les producteurs sud-américains et l’Europe, a remplacé aujourd’hui le trafic d’esclaves. Le président actuel Desi Bouterse a été personnellement impliqué dans ce commerce et les Pays-Bas l’ont condamné à 11 années de prison, sans compter l’accusation qui pèse sur lui d’avoir participé au massacre des Noirs marrons en 1982…
Le pays semble avancer, malgré les difficultés économiques et la corruption, grâce aux Hollandais et aux Chinois, qui investissent. Il pourrait presque quitter son statut de république bananière ; mais la clique présidentielle, agrippée aux leviers du pouvoir, reste un frein. Toutefois, on vit en sécurité, y compris dans la capitale.
Pour les férus d’histoire contemporaine, ce dossier réalisé par RFI.
Traumhaft schön ! In Deutschland ist selbst das Land Suriname völlig unbekannt! Wir beneiden Euch !
Ja, Willi, la vie est belle !
Nach einem dreitagigen turbulenten Törn geniessen wir nun die tropische Sonne am Anker vor Tobago. Tschüss. M
Chers Michele et Patrice,
Après ce beau séjour à la marina de Waterland, vous voilà donc arrivés à Tobago où je vous souhaite de profiter au mieux de ce nouvel environnement et de vous reposer de votre traversée agitée.
Gros bisous,
Martine